Camille Limoges
Premier directeur du CIRST en 1992, après la fusion du CREST et du CRÉDIT, Camille Limoges en est maintenant membre émérite. Ce statut honorifique lui a été conféré pour souligner l’apport marquant qu’il a su insuffler à notre centre de recherche.
Né en 1942 à Montréal, il découvre très jeune la fascinante histoire de la vie. Aux côtés de son père, géologue et paléontologue amateur, il interroge les fossiles et se passionne pour l’évolution des espèces. Il est aussi déjà activiste dans l’âme, avide de toujours partager avec d’autres, et il devient membre des groupes les plus variés. À l’Université de Montréal, Camille Limoges étudie la philosophie. En 1964, il obtient sa licence et s’envole aussitôt pour Paris.
À 22 ans, Camille Limoges est le plus jeune étudiant de l’Institut d’histoire des sciences et des techniques de la Sorbonne que dirige Georges Canguilhem, condisciple de Sartre et de Raymond Aron et successeur de Gaston Bachelard à la direction de cet institut.
En 1980, Camille Limoges participe activement à la rédaction de l’énoncé de la première politique scientifique du Québec. L’année suivante, il entre dans l’administration publique comme conseiller scientifique puis secrétaire adjoint au Secrétariat à la science et à la technologie. Il prépare la naissance du premier ministère de la Science et de la Technologie, dont il deviendra sous-ministre en 1983. À divers titres, il sera au cœur de la plupart des grandes décisions en matière de politique scientifique pour les vingt années suivantes et marquera ainsi profondément le Québec de la science et de l’innovation.
En 1987, l’intellectuel sent le besoin d’alimenter à nouveau sa réflexion. Il quitte donc la fonction publique et rejoint l’UQAM où il participe à la mise en oeuvre du nouveau programme science, technologie et société et à la création du CIRST. Pendant dix ans, il réfléchit aux liens entre science et société et s’engage personnellement dans la vie scientifique, notamment comme président de l’Acfas en 1989. Il cosigne en 1994 un ouvrage de renommée mondiale, The New Production of Knowledge, qui propose une analyse originale des mutations de la production du savoir. Puis il passe à nouveau aux travaux pratiques, d’abord en 1997 comme président du Conseil de la science et de la technologie, puis comme sous-ministre au ministère de la Recherche, de la Science et de la Technologie de 2000 à 2002. Au cours de ces deux mandats, il donne un nouvel élan à l’action gouvernementale en matière de science et d’innovation. Il jouera un rôle clé dans l’élaboration et la mise en œuvre de la nouvelle politique scientifique publiée en 2001.
Camille Limoges prend sa retraite le jour de ses 60 ans, pour ne pas mourir avant d’avoir réalisé les rêves intellectuels de sa jeunesse. Auteur de six ouvrages et d’innombrables documents gouvernementaux ou articles scientifiques, membre de la Société royale du Canada et de l’Académie internationale d’histoire des sciences, titulaire de deux doctorats honoris causa, lauréat du prix Carrière de l’Association de la recherche industrielle du Québec en 2003 et du Prix du Québec Armand-Bombardier en 2004, l’historien se consacre désormais à l’écriture avec un enthousiasme qui ne faiblit pas. Avec un jeune collègue, il vient de rééditer le premier ouvrage scientifique écrit en 1800 par un médecin de Québec, François Blanchet, et sa table de travail croule sous les projets. Discret sur sa vie privée, Camille Limoges est intarissable dès lors qu’il s’agit de littérature ou d’histoire. Et entre deux séances d’écriture, il siège encore à plusieurs conseils d’administration et au sein de comités d’experts d’organismes à vocation scientifique.
Ce contenu a été mis à jour le 20 juin 2019 à 15 h 34 min.