Le créationnisme est-il seulement une affaire de foi ? Enquête en France et au Maroc
Conférencier
Dominique Guillo, directeur de recherche au CNRS, Groupe d’Étude des Méthodes de l’Analyse Sociologique de la Sorbonne (GEMASS, CNRS-Paris Sorbonne, chercheur invité au CIRST
Résumé
Le rejet du darwinisme, l’adhésion à une représentation de l’origine des espèces marquée par le créationnisme et la foi religieuse sont considérés dans beaucoup de travaux en sciences sociales et en psychologie comme des attitudes étroitement liées l’une à l’autre. Les données qui ressortent d’une enquête menée sur des terrains contrastés – la France et le Maroc – montrent que ce schéma explicatif doit être révisé, au moins dans certains cas. Sur ces terrains, les représentations des espèces vivantes ne paraissent pas obéir à une logique binaire fondée sur l’opposition entre foi et raison, religion et science. En France, beaucoup de personnes affichent une adhésion forte au « darwinisme » et une hostilité au « créationnisme ». Mais la représentation de la nature qu’ils associent au mot « darwinisme » est en réalité très proche de certaines variantes de créationnisme, comme l’Intelligent design. Par ailleurs, au Maroc, l’adhésion au créationnisme paraît souvent motivée par des arguments perçus comme rationnels, avant d’être religieux. Cette enquête se poursuit actuellement au Maroc sur des terrains plus vastes.
Ce contenu a été mis à jour le 19 juillet 2019 à 16 h 38 min.