35e anniversaire du CIRST – capsule temporelle – chroniques du 20e
► Des membres nous racontent le CIRST
En 2006, le CIRST a fêté dignement ses 20 ans. À cette occasion, Jorge Niosi, Céline Saint-Pierre et Camille Limoges ont rédigé chacun quelques lignes retraçant l’histoire du Centre. Pour le 35e anniversaire, nous vous proposons de les relire ou de les découvrir.
La naissance du CRÉDIT
Par Jorge Niosi
Au départ le programme des Actions Structurantes mis sur pied par le gouvernement du Québec favoriser la croissance de disciplines prioritaires n’englobait pas les sciences sociales. À la suite de représentations, le gouvernement a revu sa décision et a finalement inclus les sciences sociales. Alors professeur titulaire en sociologie à l’UQAM, j’ai décidé de présenter une demande. J’espérais ainsi pallier au problème de continuité. Je voyais le travail de recherche de mes étudiants aux cycles supérieurs tombé dans les limbes une fois le mémoire ou la thèse déposée. Banque de données, équipement, analyses, tout disparaissait lorsque l’étudiant quittait l’établissement. En mettant sur pied un centre de recherche, je souhaitais fournir un lieu où pourrait être archivé ce travail et le rendre accessible à la collectivité.
Avec l’appui de l’administration de l’UQAM, j’ai rédigé la demande de subvention. Autour de moi, on me pronostiquait le pire, car trois équipes en sciences sociales de l’UQAM étaient en course pour le programme. Finalement à la surprise générale, les trois équipes de l’UQAM ont obtenu leur subvention : il s’agissait du CRÉDIT mené par moi, du CREST dirigé par Céline Saint-Pierre ainsi que d’un groupe en droit.
Pour mettre sur pied le CRÉDIT, j’avais recruté trois autres professeurs : MM. Philip Ehrensaft (Sociologie, UQAM), Philippe Faucher (Sciences politiques, Université de Montréal) et Eckhardt Siggel (Économie, Université Concordia). Nous avons ciblé la technologie énergétique, qui, alors comme maintenant, attirait beaucoup d’intérêt. Puisque le programme offrait quatre postes de professeur sous octroi, nous avons embauché Mme Helene Connor-Lajambe ainsi que MM. Christian de Bresson, économiste, Michel Duquette, politicologue, et Yves Gingras, historien des sciences. Peu de temps après Mme Lajambe nous a quitté, et Robert Dalpé, politicologue, l’a remplacée. Par ailleurs, M. Siggel quittait le Canada pour une longue mission en Afrique ; il était remplacé en 1988 par le professeur Petr Hanel, économiste de l’Université de Sherbrooke.
La commande était haute : nous devions produire un nombre élevé d’articles, obtenir un fort montant de fonds de recherche et diplômer un bon nombre d’étudiants des cycles supérieurs. Grâce à l’appui de l’UQAM, le CRÉDIT a vu le jour aussitôt la subvention obtenue, et j’en ai pris la direction. Mais nous n’étions pas au bout de nos peines : les départements d’accueil des professeurs sous octroi n’étaient pas satisfaits de leur arrivée; ils ne les avaient pas choisis et ils craignaient que les autorités des universités concernées leur enlèvent des postes suite à l’engagement de ces professeurs de recherche. À la fin, cependant, tout rentrait dans l’ordre. Les performances attendues étaient obtenues et, en 1990, le CRÉDIT voyait sa subvention intégrée au budget des universités d’accueil.
Jorge Niosi, professeur, Département de management et technologie
La fondation du Centre de recherche en évaluation sociale des technologies (CREST)
Par Céline Saint-Pierre
Il y a un peu plus de 20 ans, soit le 9 septembre l985, le ministre de l’Enseignement supérieur de la science et de la technologie du Gouvernement du Québec, monsieur Yves Bérubé, annonçait l’octroi d’importantes subventions à une quarantaine d’équipes de recherche universitaires dans le cadre du Programme d’actions structurantes. Ce programme unique d’une durée de 5 ans était dédié au soutien à la recherche dans des secteurs prioritaires définis par le programme économique du Québec l982-l986, «Le virage technologique». Grâce à ce programme, le Centre de recherche en évaluation sociale des technologies verra le jour au début de l’année l986 et recevra une subvention de 1 491 000 $. L’équipe fondatrice est composée de Charles Halary et de Céline Saint-Pierre, professeurs au département de sociologie et de Bernard Schiele, professeur au département de communications, tous de l’UQAM, ainsi que d’Hélène Denis, professeure à l’École Polytechnique de Montréal. Cette subvention prévoit la création de 5 postes et c’est ainsi que Pierre Doray, Alberto Cambrosio, Paul Carle et Éric Alsène intègreront l’équipe à titre de professeurs-chercheurs ainsi que Camille Limoges à titre de professeur agrégé.
La programmation initiale comprend quatreaxes de recherche qui sont ainsi libellés: 1) Les impacts sociaux de l’informatisation des entreprises et des activités du secteur tertiaire au Québec; 2) La dynamique organisationnelle et sa relation avec les technologies; 3) Le développement des processus de diffusion de la culture scientifique et technique; 4) Le réseau professionnel de la robotique. Autour de ces axes, de nombreux projets de recherche ont été élaborés. Ils font appel à une approche interdisciplinaire, à la coopération entre universités et à l’intégration de nombreux étudiants de maîtrise et de doctorat dont la grande majorité provient de sociologie, d’histoire, de communications et de génie industriel. Ils effectueront leurs mémoires de maîtrise et leurs thèses de doctorat à partir de ces thématiques et apprendront le métier de chercheur.
Vingt ans plus tard, les champs de recherche du CREST sont encore présents au sein du CIRST. Il faut reconnaître que l’objectif premier du programme des actions structurantes a été atteint en permettant de consolider un domaine de recherche majeur pour le développement du Québec, de créer des postes de professeurs et d’initier à la recherche de pointe de nombreux étudiants et étudiantes.
Bon anniversaire et longue vie au CIRST
Céline Saint-Pierre
Une naissance par hybridation : le CIRST
Par Camille Limoges
Né de la fusion de deux équipes subventionnées dans le cadre du programme québécois des «Actions structurantes», le CIRST porta d’abord, provisoirement, l’appellation récapitulatrice de ses origines, «Centre CREDIT-CREST».
Plusieurs facteurs ont favorisé cette fusion, notamment la parenté des objets d’études et le désir de rapprochement exprimé depuis plusieurs années par des chercheurs de l’une et l’autre équipes. Dans leurs commentaires, les deux comités formés par le ministère pour évaluer la performance de ces équipes d’actions structurantes avaient d’ailleurs fait valoir l’intérêt d’un tel rapprochement. En outre, au moment de l’obtention par chaque équipe du statut institutionnel de «laboratoire» de l’UQAM, la Sous-commission des études dans sa recommandation positive nous avait invités «à étudier sérieusement l’opportunité d’un rapprochement organisationnel […] dans la perspective d’une reconnaissance à moyen terme dans le cadre du programme FCAR-centres».
Au cours de l’été 1992, à l’initiative du doyen des Études avancées et de la recherche, François Carreau, des discussions séparées avec les deux directeurs concernés, Jorge Niosi et moi-même, avaient été engagées pour explorer la possibilité de donner suite à ces recommandations. Dans l’après-midi du 17 août, Jorge m’avait confirmé son accord pour une fusion et nous avions rapidement convenu de quelques conditions pour effectuer avec succès une telle opération. On procéderait très rapidement et, pour éviter des discussions à l’infini et un enlisement prévisible, sans accepter que personne ne pose des conditions préalables ; ainsi les centres fusionneraient dans leur composition du moment, sans exclure ni ajouter à ce stade aucun chercheur ; les modalités organisationnelles et fonctionnelles, de même que la programmation seraient discutées plus tard, après la fusion. Mais il était entendu aussi, que le nouveau centre fonctionnerait de façon unitaire et ne s’organiserait pas selon deux axes risquant de perpétuer la dichotomie.
Quinze jours plus tard, les 2 et 4 septembre, les membres du CREST et ceux du CREDIT votaient le principe de la fusion sur des textes identiques. Une lettre cosignée par les deux directeurs communiqua bientôt au doyen ces deux résolutions. Les instances de l’UQAM procédèrent rapidement : le Conseil d’administration reconnut la fusion des deux centres à sa réunion du 17 novembre et me désigna pour en prendre la direction à compter du 1er janvier 1993.
La première réunion des membres du CREDIT-CREST eut lieu le 12 février suivant. On y discuta une première version des textes réglementaires sur la recherche, sur la structure organisationnelle, sur les critères d’accréditation des membres et sur le statut d’étudiant participant. Amendés, ces textes furent finalement approuvés à la mi-mars, lors d’une réunion où l’on retint aussi, pour remplacer le label «Centre CREDIT-CREST» l’appellation CIRST (celle de CRIST avait paru à certains risquer un peu trop le messianique).
Les années suivantes allaient prouver la vigueur du nouvel hybride.
Camille Limoges
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Ce contenu a été mis à jour le 5 mai 2022 à 9 h 13 min.