Conférence « Matérialisme et embodiment »

Conférencier

Charles T. Wolfe, Department of Philosophy and Moral Sciences et Sarton Centre for History of Science (Ghent University)

Résumé

Depuis longtemps la figure-repoussoir du matérialisme mécaniste est présentée comme quasi-synonyme du matérialisme tout court. Le matérialisme réduit tout à la matière ; et la matière est comprise en termes d’« espace, figure et mouvement », pour reprendre l’expression cartésienne. Dans cette vision des choses, le matérialisme s’approprie, tel un parasite, les succès de la science mécaniste du 17e siècle et les transforme en une idéologie, ou une métaphysique. Ainsi Engels écrivait que « les matérialistes français du 18e siècle concevaient tout sur le modèle de la machine », qu’ils ne connaissaient pas la chimie, a fortiori organique : ils étaient braves et courageux, les matérialistes français, mais bloqués dans l’étroitesse de leur mécanisme. Ce verdict est répété, souvent dans la tradition marxiste, humaniste et/ou chrétienne, jusqu’au Nouveau Matérialisme (« New Materialism ») contemporain. Après tout, La Mettrie, le premier philosophe à se déclarer lui-même matérialiste, n’intitule-t-il pas son livre le plus célèbre L’Homme-Machine ? J’ai essayé de montrer dans quelques publications précédentes que cette vision du matérialisme est fausse, sinon en totalité, en tout cas en grande partie : que le matérialisme classique est fasciné par le corps, la chair, la différence entre matière vivante et matière morte, etc. Dans le présent exposé je pousserai cette réflexion plus loin en me demandant quel est le rapport entre le matérialisme le plus « vital » et les doctrines contemporaines de l’embodiment.

*Entrée libre et sans réservation

Ce contenu a été mis à jour le 19 juillet 2019 à 13 h 19 min.