« Une bombe dans la discipline » : l’émergence du mouvement génopolitique en science politique

Cet article analyse l’émergence et les enjeux scientifiques et académiques de l’étude des facteurs génétiques du comportement politique, la génopolitique, en s’appuyant sur des analyses scientométriques et une série d’entretiens semi-directifs réalisés avec des figures principales du courant. Si l’acte de naissance de la génopolitique remonte à 2005, il faut attendre 2012 pour que ce mouvement scientifique se stabilise. Bien que relativement homogène, la génopolitique n’en demeure pas moins traversée par des luttes visant à définir une politique scientifique qui soit non seulement perçue comme légitime par l’ensemble de ses membres, mais également par le reste des politistes et du champ scientifique au sens large. Au-delà de ces désaccords sur l’appellation et le contenu de leur courant, les génopolitistes militent pour l’avènement d’un nouveau paradigme en science politique qui permettrait de résoudre les anomalies empiriques rencontrées par les théories rationnalistes et socio-psychologiques du paradigme dominant. De façon paradoxale, le progrès de la science politique passe par la remise en cause de son indépendance épistémologique, l’usage de la génétique s’accompagnant par exemple de l’importation de standards méthodologiques développés à l’extérieur de la science politique. En plus de défendre l’autorité de leur discipline et de faire avancer leur compréhension du politique, le mouvement génopolitique permet à ses membres de s’investir dans un programme de recherche certes controversé mais novateur, leur permettant ainsi d’améliorer leur position au sein du champ scientifique.

 

Ce contenu a été mis à jour le 15 juillet 2019 à 15 h 15 min.