« Nourrir » sa créativité malgré la distance : le métatravail ambivalent des métiers créatifs à l’ère de la covid-19

S’inscrivant dans une perspective critique et s’appuyant sur une démarche compréhensive, cette contribution entend amorcer une réflexion sur le travail créatif dans le contexte de la Covid-19 sur les personnes travaillant dans les industries créatives. Les individus évoluant dans ces secteurs sont souvent des travailleurs autonomes cumulant divers contrats précaires, étant alors responsables de leur propre employabilité, en référence au concept de « production de soi » proposé par André Gorz. Nous mobilisons le concept de « métatravail », c’est-à-dire de travail permettant le travail selon Salzman & Palen (2004), afin de comprendre comment entretenir sa créativité devient un outil du « métatravail » des travailleurs et travailleuses qui doivent produire leur propre employabilité. Nos données empiriques issues d’entretiens qualitatifs avec six personnes travaillant dans les industries créatives au Québec et en France ont permis de dégager des axes d’analyse, selon une méthode de théorie ancrée. Cela nous a permis de comprendre l’entretien de la créativité comme condition de l’employabilité au prisme de ce que nous appelons un « métatravail créatif ». Cette recherche, s’inscrivant dans le contexte distancié de la Covid-19, a révélé que les métiers créatifs auraient été plus touchés que ceux des autres industries, puisque la distance a rendu encore plus difficile le « métatravail créatif » consistant à nourrir leur créativité lors d’expériences et interactions informelles.

Ce contenu a été mis à jour le 22 août 2022 à 12 h 12 min.