Atelier SociologIA
10 avril 2019 • 10h30 15h30
10 avril 2019 • 10h30 15h30
L’événement est complet. Les conférences seront diffusées en direct sur le web.
Mercredi 10 avril – 10h30 à 12h00
Université du Québec à Montréal, pavillon J.-A. DeSève, salle DS-1950
Conférence inaugurale
Par Yves Gingras (Université du Québec à Montréal)
Lecture suggérée : Dominique Cardon, Jean-Philippe Cointet et Antoine Mazières, « La revanche des neurones : L’invention des machines inductives et la controverse de l’intelligence artificielle », Réseaux, vol. 211, no. 5, 2018, pp. 173-220. https://www.cairn.info/revue-reseaux-2018-5-page-173.htm#
Mercredi 10 avril – 13h30 à 14h45
Université du Québec à Montréal, pavillon J.-A. DeSève, salle DS-1950
Conférence suivie d’une table ronde
Par Jonathan Roberge (INRS-Urbanisation, Culture et Société)
Résumé : L’opacité numérique est un enjeu de plus en plus inquiétant maintenant que les algorithmes dits « d’apprentissage » s’ajustent automatiquement sur des bases de données dont l’imprévisibilité et les biais sont inséparables du sort même de l’intelligence artificielle. Dans cette présentation, nous avancerons l’idée que pour relier les problèmes macro d’une société en forme de « boîte noire » au niveau micro des nouvelles techniques et architectures algorithmiques, un troisième niveau analytique est requis. Nous référons à ce niveau meso comme en étant un de gouvernementalité cybernétique, à savoir un ensemble des relations de pouvoir circulant entre personnes, institutions et organisations renégociant sans cesse leur part d’autorité. Sur la base de notre travail ethnographique montréalais élaboré entre 2016-2018, nous explorerons ainsi deux questions interdépendantes : i) la redéfinition des partenariats privé-public impliqués dans le développement de l’apprentissage profond dans la métropole et ii) les conséquences du modèle de science ouverte actuellement en vogue au Québec et ailleurs.
Lecture sugérée : Jonathan Roberge, Kevin Morin & Marius Senneville, « Deep Learning’s Governmentality: The Other Black Box », dans A. Sudmann (dir.) The politics of AI, Bielefeld, Transcript Verlag, 2019, pp. 1-14. (soumis pour publication)
Mercredi 10 avril – 14h45 à 15h30
Université du Québec à Montréal, pavillon J.-A. DeSève, salle DS-1950
Table ronde SociologIA
Animateur : Yan Sénéchal, Université de Montréal
Intervenant·e·s : Yves Gingras (historien et sociologue des sciences, Département d’histoire, UQAM), Myriam Lavoie-Moore (doctorante à la Faculté de communication de l’UQAM et chercheure associée à l’IRIS), Marie-Jean Meurs (professeure, Département d’informatique, UQAM, et coordonnatrice d’HumanIA), Jonathan Roberge (titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur les nouveaux environnements numériques et l’intermédiation culturelle (NENIC), INRS)
Le CIRST, en collaboration avec la Faculté des sciences humaines de l’UQAM, est heureux de lancer les Ateliers SociologIA qui visent à réfléchir aux dimensions sociologiques de l’intelligence artificielle (IA), par une série de conférences regroupant des interlocuteurs et des interlocutrices provenant de divers horizons disciplinaires.
Alors que les éthiciens se sont emparés de la réflexion sur l’IA en l’envisageant sous l’angle de la responsabilité et de l’autonomie des systèmes « intelligents », un regard sociologique reste à poser sur cette technologie et le milieu qui en fait la promotion pour mettre en perspective ce qui relève de « l’économie de la promesse » et ce qui tient des dynamiques concrètes et des impacts réels de l’IA et de ses acteurs dans la société.
Bien que la locution « intelligence artificielle » (IA) fut consacrée lors d’un séminaire de recherche aux États-Unis en 1956, les avancées récentes permises par l’apprentissage profond – la reconnaissance de textes, d’images et de paroles, la prise de décision, etc. –, couplées à l’augmentation de l’accessibilité des mégadonnées et de la puissance des supercalculateurs, ont ramené l’IA dans l’actualité. Les nouveaux « algorithmes d’apprentissage » font miroiter des applications variées dans des domaines aussi divers que le jeu, l’art, le journalisme, l’éducation, la médecine, la justice, la politique, l’économie, etc. De plus, les modifications anticipées sur le plan de l’organisation du travail, voire de la société entière poussent même certains à prédire une Révolution industrielle « 4.0 ».
Les conséquences sociales avérées mais surtout anticipées de l’IA orientent déjà l’élaboration de politiques publiques, l’instauration de commissions consultatives, l’édification d’observatoires de veille et la proclamation de principes normatifs afin de « civiliser » ces algorithmes pervasifs qui, bien que n’étant plus assignés à d’obscurs laboratoires, demeurent trop souvent encore des « boîtes noires ». Toutefois, pendant que l’IA est problématisée comme phénomène « public », les liaisons entre les universités, les entreprises et les États sont furtivement reconfigurés par les intérêts de connaissance, les programmes de recherche et les modèles de financement souvent peu connus de ce même public…
Puisque l’intelligence artificielle est devenue une réalité sociale, la sociologie doit s’en emparer et l’interroger. C’est l’objectif premier de cette série d’ateliers. Chaque semestre, deux ou trois présentations seront faites par des chercheuses et des chercheurs en sciences sociales et humaines, qui répondront, selon la perspective qui est la leur, aux questions suivantes : comment l’IA est-elle construite comme objet de recherche dans les différents domaines de spécialisation de la discipline et, plus généralement, dans les sciences sociales ? Quels thèmes retiennent l’attention des chercheurs ? Quels terrains empiriques investissent-ils ? Quels concepts et quelles méthodes sont utilisés pour aborder l’IA ? Quelle part est accordée à la rigueur scientifique, à l’expertise politique et à la critique sociale dans les réflexions sur cet objet ? Quelles sont les perspectives d’avenir de la recherche en sociologie de l’IA ?
Ce contenu a été mis à jour le 19 juillet 2019 à 13 h 41 min.