De la logique d’arsenal à la logique de marché : les transformations institutionnelles d’Énergie atomique du Canada limitée, 1975–1994

Cet article décrit les transformations institutionnelles de l’entreprise publique Énergie atomique du Canada limitée (ÉACL) entre 1975 et 1994. Il analyse plus particulièrement les mécanismes par lesquels l’inversion de la hiérarchie des normes entre autonomie technologique et performance commerciale a marqué la transition de cette entreprise d’une logique d’arsenal vers une logique de marché (Muller 1989). Le processus s’est décliné en trois phases : une première de réorganisation managériale, laquelle a permis de redéfinir l’orientation stratégique de l’entreprise et d’y introduire des mécanismes de contrôle financier; une seconde de rationalisation, laquelle a permis de réduire les budgets et d’abandonner certaines activités jugées non rentables; une troisième de désinvestissement, laquelle s’est traduite par la marchandisation de la R et D et la privatisation de certaines activités commerciales. Si, jusqu’au milieu des années 1970, les relations entre le gouvernement fédéral et ses entreprises technologiques ont plutôt été marquées du sceau de la coopération et de l’autonomie (Hafsi 1983), le cycle « réorganisation-rationalisation-désinvestissement » dégagé à partir du cas d’ÉACL permet de décrire l’évolution de ces relations à la suite des « Trente Glorieuses », dans une période qui a vu la plupart des entreprises technologiques publiques canadiennes être, partiellement ou totalement, privatisées.

Ce contenu a été mis à jour le 15 juin 2020 à 10 h 02 min.