Études milliennes

Si est « classique » ce qui sert à « l’usage des classes », pour reprendre la formule de Taine (1868, p. iv), alors John Stuart Mill est récemment redevenu un classique du canon philosophique français. En effet, après un purgatoire de plusieurs décennies durant lequel la référence à l’œuvre de Mill avait quasi disparu du paysage intellectuel français, sa réapparition sur la liste des auteurs du programme de philosophie des classes terminales en 2003 et la mise de plusieurs de ses œuvres au concours de l’agrégation de philosophie – deux opérations « curriculaires » faussement banales quand on connaît la fonction encore aujourd’hui cruciale de légitimation symbolique de l’institution scolaire en France – marquent sans doute un regain d’intérêt pour les idées de ce penseur, qui ont aussi bénéficié d’une attention renouvelée pour les traditions utilitariste et libérale. Malheureusement, un tel mouvement de redécouverte n’a pas encore suscité un renouveau substantiel des études milliennes de langue française, comme l’indique l’absence criante d’ouvrages introductifs à destination d’un public étudiant ou d’un lectorat cultivé qui permettraient de saisir dans toute sa richesse et son originalité la pensée de Mill.

Ce contenu a été mis à jour le 5 novembre 2019 à 15 h 29 min.