La classification des maladies entre faits et valeurs : le cas de l’obésité

L’obésité est aujourd’hui reconnue par de nombreuses associations médicales comme un état pathologique. Dans cet article, je m’intéresse d’abord à la construction des entités nosologiques avant d’aborder les étapes ayant conduit à la médicalisation de l’obésité au siècle dernier. J’examine ensuite les principales approches en philosophie de la médecine pour déterminer si elles offrent des arguments qui sont en faveur ou qui vont à l’encontre de la thèse selon laquelle l’obésité est une maladie. Je soutiens que l’approche naturaliste, plus sensible aux données des sciences biomédicales, échoue à spécifier en quoi l’obésité serait une maladie et que si l’approche normativiste y parvient mieux, c’est au prix d’une permissivité dont on peut craindre les dérives. Néanmoins, cette dernière permet de mettre en évidence la part sociale et biologique des pathologies dans leur identification en tant que pathologies. Ma conclusion rejoindra celle de Hofmann : les raisons avancées pour soutenir que l’obésité constitue une maladie au sens propre sont principalement de nature pragmatique.

 

Numéro thématique dirigé par Pierre-Olivier Méthot et Anne-Marie Gagné-Julien. 

Ce contenu a été mis à jour le 6 octobre 2022 à 11 h 40 min.