Acteurs et dynamiques de l’innovation

RESPONSABLE DE L’AXE : Sophie Veilleux

Cet axe interroge les dynamiques de l’innovation technologique, à des fins sociales, commerciales ou scientifiques, pour offrir une réflexion générale et multidisciplinaire sur la signification des verbes « innover », « créer » ou « utiliser ». Cet axe se concentre sur le lien entre l’innovation industrielle et l’innovation d’usage que recouvrent les phénomènes d’appropriation ou de coconstruction en milieu de travail ou au sein de la société civile, phénomènes qui révèlent la malléabilité de dispositifs technologiques qui affectent tant l’économie que la discussion scientifique et la mobilisation publique. L’axe aborde également le rôle de l’université comme actrice de l’innovation en interrogeant les collaborations entre institutions universitaires et entreprises.

En reliant des objets d’étude généralement séparés (gestion de l’innovation, communication, sciences de l’information), les projets du CIRST favorisent une réflexion plus globale sur les conditions changeantes de l’innovation et de sa dissémination. Les dispositifs technologiques y sont présentés non comme des produits finis ou les fruits d’un processus linéaire, mais comme les résultats de constructions et de reconstructions collectives non planifiées, aux retombées économiques, sociopolitiques et scientifiques significatives.


Thèmes de recherche de l’axe 3


3.1 L’impact des technologies numériques et de la circulation accrue d’information sur divers types d’innovation, industrielle, sociale ou organisationnelle, un enjeu central tant en sciences de la gestion (notamment avec le concept d’innovation ouverte) qu’en sciences de la communication.

Le CIRST y contribue par l’exploration multidisciplinaire de trois angles particuliers.

3.1.1 La caractérisation de mécanismes émergents, non linéaires, de collaboration, de dissémination et de délocalisation des innovations industrielles dans des secteurs de haute technologie (aérospatiale, biotechnologie), pour identifier l’impact des réseaux et des écosystèmes politico-industriels sur le succès des innovations ou sur l’attitude des firmes. Dans ce chantier, la synergie entre le CIRST, l’OST et la Chaire de recherche du Canada en création, développement et commercialisation de l’innovation (Catherine Beaudry, Polytechnique Montréal) fait converger un programme théorique d’envergure et des études de cas sur les déterminants de l’innovation industrielle, comme la gouvernance des technologies numériques et l’internationalisation des firmes.

3.1.2 L’étude de l’appropriation active de technologies par des membres de la société civile ou en contexte de travail, menant à des épisodes de codesign ou d’innovation collaborative par les usagers, sur des terrains généralement vus comme disparates (société civile, travail de bureau), mais qui alimentent, au CIRST, un dialogue sur l’impact du numérique sur la production de savoirs et de pratiques nouvelles, et sur la plasticité de ces technologies.

3.1.3 Des réflexions croisées sur l’avenir, pratique et conceptuel, de l’idée d’« acceptation sociale », marquées tant par le potentiel de la coconstruction et de l’évaluation participative pour faciliter des projets de haute technologie, que par son dépassement, sur la scène mondiale, par l’idée d’« innovation technologique responsable », entre autres sur les fronts de la nanomédecine et des changements climatiques, dans le contexte des grandes réflexions générales sur la régulation de nouvelles technologies.

Chercheuses et chercheurs : F. Armellini, C. Beaudry, G. Blum, C. Bonneau, L. Heaton, G. Latzko-Toth, R. Leonard, F. Millerand, M.-H. Parizeau, S. Veilleux, M. Zhegu


3.2 L’adoption et l’usage des technologies numériques dans le monde de la recherche universitaire.

L’impact réel des technologies numériques sur les stratégies des chercheurs individuels et des institutions de recherche fait actuellement l’objet d’une vaste discussion, toujours ouverte et lourde de signification pour les futures politiques de la recherche. Au CIRST, cette question fait l’objet d’une collaboration entre des chercheurs en sciences de la communication et en scientométrie et bibliométrie, qui allie de façon originale approches qualitatives et quantitatives. Cette collaboration prend deux formes :

3.2.1 L’analyse de l’usage croissant, par les chercheurs universitaires, de plateformes alternatives de publication – dont il reste à évaluer l’ampleur – ainsi que leurs effets sur la circulation de l’information, les comportements communicationnels et le déplacement de la discussion savante vers des lieux moins institués.

3.2.2 L’évaluation de l’impact des technologies numériques sur l’avenir des politiques scientifiques, allant de la communication savante à l’accès à la science, en passant par le rôle des cyberinfrastructures (bases de données, enseignement à distance) et la facilité accrue de pratiques de recherche, allant du partenariat à la fraude.

Chercheuses et chercheurs : F. Bouchard, Y. Gingras, L. Heaton, V. Larivière, F. Millerand, M. Zhegu…


3.3 L’université comme actrice de l’innovation.

L’université possède depuis sa création une double fonction de préservation des savoirs et d’innovation quant à la production de nouvelles connaissances. Plus récemment, ce deuxième volet de sa mission s’est doublé d’impératifs liés aux besoins des entreprises, ce qui a en retour influencé le mode opératoire de la recherche universitaire. L’université est ainsi devenue partie prenante de l’innovation, tant appliquée que méthodologique.  

3.3.1 Les collaborations entre universités et entreprises, sous l’angle de la méthode et de l’évaluation, et de l’étude de politiques sur le long terme (ex. : analyse par l’OST des brevets obtenus par les chercheurs universitaires). Ce volet permet de comprendre les caractéristiques des partenariats qui génèrent d’importantes retombées, tant à l’échelle individuelle qu’organisationnelle, dans un contexte de désinvestissement de la recherche fondamentale de la part des industries.

Chercheuses et chercheurs : F. Armellini, C. Beaudry, Y. Gingras, S. Veilleux, V. Larivière, J. Queenton

Ce contenu a été mis à jour le 1 juin 2022 à 14 h 53 min.